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Pure Baking Soda : Walk Slow, My Words Slurred



Excepté Wale, difficile de citer un rappeur de la capitale des Etats-Unis. Et encore, en plus d’être maintenant exilé en Floride, ce dernier n’a pas connu de vrai succès local avant d’exploser nationalement, il n’y a guère que sur ses communiqués de presse qu’on le lie à sa ville d’origine.
Si D.C. a relégué le rap au second plan, c’est parce qu’elle a une préférence pour sa propre spécialité : le Go-Go, une musique de club jouée live, bourrée d’inspirations funk et de percussions en tout genre.
Le Go-Go est une part intégrante de la culture locale, au même titre que la Bounce Music Orléanaise ou la Miami Bass, et le Hip-Hop apparu sensiblement à la même époque, a longtemps eu du mal à lui coexister.
Aujourd’hui, un jeune bedonnant a pourtant réussi à trouver grâce aux yeux des washingtoniens.

Fat Trel est à Martel Reeves ce que Hulk est à Bruce Banner, un alter ego nerf à vif, à qui le débordement d’énergie force à vivre torse nu. Dans la vidéo de Respect With The Teck, on peut voir Fat Trel et les Slutty Boyz évoluer dans leur univers, celui de la sacro-sainte rue, dans laquelle ils chassent le respect à coup d’armes de poing, de sachets de poudre et de chaines à plusieurs millions.
Sur ce titre usiné par Lex Luger, un des morceaux phares de la mixtape April Fools (2011), on remarque que Fat Trel n’aborde pas ce genre de production comme tout le monde. Là où Waka Flocka Flame ou Chief Keef privilégient avant tout l’attitude, la puissance et les gimmicks, Fat « Gleesh » donne tout autant d’importance à son texte.
La règle se confirme quand il rap sur d’autres types de productions. Et à la manière des plus grands, il embrasse toutes les traditions du rap de rue, de l’introspection au storytelling teinté de commentaires sociaux, en passant par l’ego trip et l’hymne au champagne versé sur la cellulite de strip-teaseuses.



Dans le choix de ses producteurs, Fat Trel arrive à être aussi éclectique qu’il a bon goût. La trap music de Lex Luger et Lil Lody, le country rap de Big K.R.I.T., les boucles hypnotiques d’Harry Fraud, la g-funk smooth de Cardo, l’inévitable go-go ou les mélodies très pop des Bass Headz, sur tout et partout, le rap tout terrain de Gleesh est à l’aise.
Les tics de langages et prononciations typiques de D.C. lui facilitent les rimes, qu’il étire avec son flow ectoplasme pouvant donner l’impression qu’il articule les mots comme si ils n’en formaient plus qu’un.
Ajoutez à tout cela sa tendance à performer avec les bijoux de familles posés sur la table, comme si la vie de son fils en dépendait, et vous tenez Fat Trel, un rappeur capable de proposer de quoi convaincre quiconque qu’il est l’un des meilleurs en activité.

Après le succès local, le niveau supérieur lui était promis début 2012, avec son projet le plus ambitieux en date « Nightmare On E-Street ». Malheureusement, les magouilles de son manager de l’époque mirent un coup d’arrêt à son élan. Ce dernier, après un désaccord avec son artiste, s’est enfuit avec le disque dur contenant tous les titres de la tape, obligeant Fat Trel a retourner en studio pour réenregistrer à la va-vite. Ajoutez à cela des beefs avec les quelques autres rappeurs locaux - Shy Glizzy, Wale - et Trel s’est finalement retrouvé bien esseulé au moment où il se préparait à exploser aux yeux du monde. Son année 2012 a donc été en demi-teinte, malgré une bonne mixtape et des apparitions toujours réussies, puisqu’il n’a pu passer un cap comme il s’y préparait.

2013 pourrait donc être son année. D’autant plus qu’aux qualités indéniables du rappeurs, s’ajoute maintenant un soutien de poids : le mois dernier Fat Trel annonçait qu’il rejoignait la légendaire famille No Limit, signifiant que le mogul multimillionnaire Master P prend la place laissée vacante par l’ancien manager véreux. Et aussi, qu’en plus de son projet solo S.D.M.G., Trel est désormais membre du trio Louie V Mob, aux côtés de Master P himself et d’une autre figure du rap de rue, Alley Boy.



Sur la version finale de « Nightmare On E-Street », Fat Trel a continué de démontrer toute sa versatilité, tout en privilégiant d’avantage sa facette pop. Les deux tiers des titres ont leurs passages chantés, un invité R’n’B, ou des productions qui auraient toutes leur place sur la radio de nos rêves. Un bras sur le rap de rue, un autre sur la balade pop, faites en coulisser un des deux, et vous obtenez ce qui aurait pu être un parfait compromis pour un premier album en major. Et si finalement, malgré les embuches, ce « Nightmare » était bien le meilleur effort de Gleesh ?

Son récent rapprochement avec Master P apparaît en tout cas de plus en plus logique, et on se prend à rêver qu’ensemble ils fassent revivre l’immortel tank de No Limit Records.

->Nightmare Before X-Mas (Best Of Fat Trel 2009-2011)<-


Texte : PureBakingSoda
Illustrations : Hector De La Vallée



 

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